INTRODUCTION
Le but de l’auteur
L’auteur du livre de la Sagesse est un Juif de culture grecque, vivant sans doute à Alexandrie. A l’époque où il écrit, Alexandrie est la ville la plus importante de l’empire romain, après Rome. Cette importance n’est pas seulement due à sa population et à sa richesse, mais aussi à sa bibliothèque et à ses intellectuels.
Des étrangers de divers peuples habitent là. A Alexandrie, les Juifs dominent deux quartiers sur cinq. Ils sont deux fois plus nombreux qu’à Jérusalem. Ils ont toute liberté pour pratiquer leur culte et obéir à leurs lois. Leur communauté s’est beaucoup développée. Ils ont de nombreux privilèges, et ceux-ci provoquent la haine des non-Juifs. Elle éclatera contre eux dans une révolte sanglante en 38 après J.-C.
L’auteur du livre de la Sagesse se présente comme étant Salomon, considéré comme le plus grand sage en Israël. Cette façon de rattacher un ouvrage à un personnage célèbre du passé était habituelle et ne trompait personne. Derrière la personne de Salomon, l’auteur montre quelques traits qui lui sont propres, mais sans laisser voir qui il est vraiment.
Cet auteur écrit d’abord pour les Juifs, les plus jeunes en particulier. Ceux-ci sont devant deux dangers : la culture grecque les attire, et ils risquent de souffrir à cause de leur foi. Aux Juifs que la civilisation grecque attire, l’auteur montre qu’ils n’ont rien à envier aux non-Juifs. En effet, la Sagesse qui vient de Dieu leur donne beaucoup plus. Pour encourager ceux qui ont peur, il présente le sort glorieux qui attend ceux qui obéissent à Dieu et la punition que Dieu réserve aux gens mauvais. Il rappelle comment, tout au long de l’histoire, Dieu a veillé sur Israël et l’a rendu victorieux de ses ennemis.
Mais l’auteur se soucie aussi des non-Juifs. Il veut leur montrer que les Juifs ne sont pas un peuple en dehors de la civilisation. En effet, leur Dieu est raison et sagesse. Il aime tous les êtres qu’il a créés et il demande à ceux qui lui sont fidèles de se montrer, eux aussi, amis de tous. En renonçant aux faux dieux qui les ont entraînés à des désordres horribles, les non-Juifs reconnaîtront l’unique Créateur de l’univers. Et celui-ci leur accordera la pure et vraie Sagesse.
Contenu
Après une invitation à rechercher la Sagesse (1.1-15), l’auteur décrit celle-ci dans trois grands tableaux. Il montre d’abord
comment la Sagesse conduit les humains
vers le bonheur, alors que le malheur attend les gens mauvais (1.16–5.23). Il présente alors la Sagesse, son origine, sa nature et son action. Et il indique ensuite les moyens de la posséder (chapitres 6 à 9). Dans la troisième partie, il décrit la Sagesse, qui est comme Dieu lui-même. C’est elle qui a conduit l’histoire du peuple choisi par Dieu depuis Adam jusqu’à Moïse (chapitres 10 à 19).
Le message
L’auteur offre à ses frères juifs une méditation remplie d’une foi profonde. Il leur lance un appel émouvant pour protéger leur fidélité au vrai Dieu. Ce livre est remarquable par la profondeur de sa pensée et par la qualité de son style.
Voici la bonne nouvelle que la Sagesse annonce : Dieu a créé les humains pour qu’après la mort, l’âme fidèle trouve auprès de Dieu une vie sans fin de bonheur. L’auteur ne prouve pas cette affirmation, c’est pour lui une évidence.
Pour la culture grecque, l’être humain est composé d’une âme et d’un corps. Quand le corps meurt, l’âme peut continuer à vivre. L’auteur de la Sagesse affirme clairement que l’âme ne meurt pas. Il répond ainsi à une question qui inquiète beaucoup certains auteurs de l’Ancien Testament : comment croire à la justice de Dieu quand les justes sont souvent malheureux et les méchants heureux ? Au-delà de la mort,
Dieu répare les injustices de ce monde
. L’âme, qui ne meurt pas, vit avec Dieu pour toujours, unie à lui dans l’amour.
Ce qui se passe sur la terre prépare ce qui se passera après la mort. Le bonheur apparent en ce monde n’est pas un signe de la bonté de Dieu. De même, le malheur n’est pas le signe qu’il condamne les humains. Les souffrances du juste ont pour but de l’éduquer en vue d’une récompense meilleure. Ce qui compte, c’est uniquement de faire la volonté de Dieu et de vivre dans son amour. Celui qui est fidèle possède dès maintenant la vie qui ne finit pas. Par contre, celui qui agit mal connaît déjà une mort sans fin.
L’auteur insiste sur la Sagesse infinie de Dieu. Il a « tout organisé avec mesure, en calculant les choses et en les pesant » (11.20). En lui, aucune violence, ni changement d’humeur. Il aime tous les êtres qu’il a créés, sans faire de différence entre eux. Il a pitié de tous et, dans sa tendresse, il « ferme les yeux sur les péchés des humains pour leur donner le temps de changer leur vie » (11.23).