INTRODUCTION
Le livre de Daniel est écrit pour une période difficile de l’histoire des Israélites. Pendant cette période, les membres du peuple de Dieu souffrent beaucoup à cause de leur foi. Certains ont même la tentation de l’abandonner. Dans cette situation, le livre de Daniel encourage les croyants à rester fidèles à Dieu en résistant au pouvoir de leurs ennemis.
La traduction grecque a ajouté trois longs passages qui ne se trouvent pas dans le texte hébreu (3.24-90 ; 13.1-63 et 14.1-42).
Dans sa forme hébraïque, le livre de Daniel est composé de deux parties :
La première partie (chapitres 1 à 6) raconte l’histoire de Daniel et de ses trois amis. Les quatre jeunes gens ont été déportés par Nabucodonosor, le roi de Babylone. Grâce à Daniel, qui explique les rêves du roi (chapitres 2 et 4), ils obtiennent des postes élevés au service de celui-ci. Mais ils supportent aussi de grandes souffrances qui permettent de voir la solidité de leur foi (chapitres 3 et 6). Cette première partie présente des Juifs qui remportent la victoire au milieu des épreuves.
La deuxième partie (chapitres 7 à 12) raconte trois
visions
que Dieu a envoyées à Daniel. Elles sont présentées comme des visions qui font connaître l’avenir. Elles concernent les pouvoirs qui ont dominé l’un après l’autre le Proche-Orient. Elles se rapportent en particulier au pouvoir d’un roi qui s’attaque au culte rendu à Dieu. C’est ce qui s’est passé à l’époque d’Antiochus Épiphane (voir 8.9-14,23-25 ; 11.21-45), qui a été roi de 175 à 164 avant J.-C. Cette partie montre les Juifs écrasés par la violence des pouvoirs qui les dominent. La question est : jusqu’à quand ? Le livre de Daniel affirme que
Dieu jugera un jour les pouvoirs humains
et qu’il établira son royaume qui durera toujours (7.9-14).
Ce livre a été écrit au 2
e
siècle avant J.-C., quand Antiochus Épiphane dominait la région où vivaient les Juifs. L’auteur raconte comment, quatre siècles auparavant, les Babyloniens ont fait souffrir les déportés. Cela ressemble à ce qui se passe au moment où l’auteur écrit. Celui-ci raconte des rêves et des visions annonçant ceci : différents pouvoirs vont se succéder, et un roi va détruire le culte de Dieu. Au 2
e
siècle, les croyants savent que ces choses se sont passées. En disant que Dieu l’avait annoncé d’avance, le livre les encourage à résister aux forces du mal et à rester fidèles à Dieu.
Le livre de Daniel
fait connaître des réalités inconnues ou cachées
. Faire connaître ces réalités, ce n’est pas prédire l’avenir comme un devin. C’est permettre aux croyants de conserver leur espoir et leur foi. Le moment de la fin, c’est-à-dire le temps où Dieu établira son royaume, reste un secret qui appartient Dieu. Mais la période des souffrances et des épreuves est une période limitée. C’est ce que signifie la durée de trois ans et demi (voir 7.25 ; 8.14, etc.). En effet, trois et demi, la moitié de sept, exprime ce qui est incomplet. Les croyants peuvent donc être sûrs que leurs souffrances auront une fin, et que cette fin sera heureuse pour eux.
Les suppléments grecs au livre de Daniel :
La prière d’Azaria et le chant des trois jeunes gens (3.24-90)
Cette partie contient quatre textes indépendants les uns des autres :
Une prière pleine de tristesse (3.24-45) : elle concerne des moments très durs, pendant lesquels le roi grec Antiochus Épiphane a fait souffrir les Juifs à cause de leur foi.
Un récit (3.46-51), qui raconte comment l’ange a protégé trois jeunes amis de Daniel. Il a en effet calmé le feu violent de la fournaise où ils ont été jetés. Pourtant, ce feu a brûlé les Babyloniens qui se trouvaient près de la fournaise.
Un chant de louange adressé au Seigneur, « Dieu des ancêtres » (3.52-56).
Un psaume (3.57-90) qui invite à remercier le Seigneur. Il invite à cela le ciel et tout ce qui s’y trouve (versets 57-63), certains éléments du monde créé (versets 64-67), puis la terre et tout ce qui s’y trouve (versets 74-87), et enfin tous les êtres humains (versets 88-90).
Ces quatre textes changent la façon de comprendre les événements exprimée par le texte hébreu de Daniel. Celui-ci attire l’attention sur la richesse et la puissance de Nabucodonosor. Le texte grec de 3.24-90 fait ressortir
la foi de ceux qui souffrent pour Dieu
, ainsi que
la toute-puissance de Dieu
. Au lieu d’insister sur les sentiments du roi, il s’intéresse à ceux qui sont fidèles à Dieu.
Suzanne (13.1-63)
Le but du récit est de montrer qu’avec l’aide de Dieu, une femme peut rester fidèle à son mari et remporter la victoire sur le mal. Il montre aussi la sagesse de Daniel. Les deux vieillards, « fils de Canaan » (13.56), représentent les non-Juifs et les Juifs qui ont abandonné leur foi au temps du roi grec Antiochus Épiphane. Ceux-ci voulaient persuader les Juifs fidèles d’abandonner leur foi, d’avoir une vie sexuelle immorale et de commettre l’adultère. En agissant ainsi, ils auraient brisé l’alliance établie avec eux par le Seigneur. Quand Suzanne dit : « Je préfère tomber entre vos mains sans rien faire de mal, plutôt que de pécher devant le Seigneur » (13.23), elle exprime la foi des Juifs qui préféraient
mourir plutôt que de trahir leur foi
.
Bel et le grand serpent (14.1-42)
Ces deux récits sont une
critique des faux dieux
, que les Juifs avaient l’habitude d’attaquer de cette manière au 2
e
siècle avant J.-C. Ces deux événements appartiennent à l’ensemble des histoires sur Daniel qui utilisent les problèmes de nourriture pour rendre ridicules les faux dieux et leurs prêtres.
(Dans cette édition de la Bible, les suppléments grecs sont imprimés en italique.)